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  • Photo du rédacteurSama Queendom

Don’t touch my hair

“Black women’s hair is political”. C’est ce qu’affirmait Chimamanda Ngozi Adichie lors d’une interview, et c’était le titre d’un Essay que j’avais choisi de faire il y a quelques mois de celà, dans mon cours “Echoes of Africa : black subjectivities, dreams, and expressions” ( oui, superbe sujet pour un cours).

Et ceux qui me connaissent, ne serait ce qu’un minimu, savent que je suis une a-mou-reu-se du cheveux afro. Donc j’envisageais évidemment d’écrire un article dessus, sur tout ce qu’il peut vouloir dire, ou pas. Je ne savais juste pas quand.

Mais là, Solange Knowles débarque avec “Don’t touch my hair” ( vidéo en bas de l’article, écoutez bien les paroles) et je me dis “Ouh lala, c’est un signe”. Donc on y va. Prenez une grande inspiration.

Aloooors, par ou commencer ? Il y a tellement à dire !

Personnellement, j’ai commencé à réfléchir à ce que je pensais de mes cheveux et de moi en générale au lycée, en classe de seconde. Esthétiquement ils étaient en très mauvais état, très très courts, secs, etc. Puis j’ai découvet un jour “Nhappyblog”, un des premiers de l’époque, qui expliquait la “science” du cheveux afro.

Je n’ai pas tout de suite pensé à arrêter le défrisage. J’ai d’abord arrêté les rajouts. J’ai commencé à mettre un foulard ( ma pauvre maman a cru que je voulais me radicaliser), pour prendre le temps de voir ce que je voulais faire de mes cheveux exactement. Ensuite j’ai arrêté le défrisage, parce que je me suis posée la question “Pourquoi te défrises tu ?” et je me suis rendue compte que je ne l’avais pas choisi, on ne m’avait jamais demandé si je voulais continuer à me défriser ou pas. La société sénégalaise considérait que c’était normal de m’imposer cela. Je n’avais pas choisi de me défriser, et je refusais de “subir” cette altération, je refusais que l’on me dise qu’il n’était pas normal d’être Moi. Donc j’ai arrêté, mais sans couper les parties lisses.

Au bout de 6 mois, un soir, ma mère m’a dit “Raaah j’en ai assez de t’entendre parler de cheveux, coupe les une bonne fois pour toute et recommence tout à zéro”. Elle a appelé mon père et lui a demandé de me conduire au salon de coiffure. Ils ont coupé tout ce qui était lisse, je me rendais à peine compte de ce qui se passait. C’était le 23 Décembe 2012. J’avais deux centimètres sur la tête et le lendemain, toute la famille élargie et les amis devaient se retrouver chez nous. Toute la famille et les amis proches allaient me juger, me poser des questions, et faire semblant de trouver ça beau, ou alors être sincère et me demander ce que j’avais sur la tête.

L’année qui a suivit n’a pas été une année capilairement facile on va dire. Les moqueries, les questions, les remarques. Elèves comme professeurs, chacun y va de son jugement. Ils rigolent, et je rigole aussi. Mais au fond je me retiens, je me contiens. Je portais assez souvent mon foulard, et les gens ne comprenaient pas. Beaucoup pensaient que je m’étais voilée. Simplement, j’avais découvert une option de plus, un moyen de plus d’être créative et de me différencier. Un moyen de plus de montrer que c’était Mon Choix et celui de personne d’autre.

Connaître mes cheveux crépus, c’était très émotionnel pour moi. Je pouvais passer de longues minutes devant le miroir à regarder mes cheveux. J’étais émerveillée. Je n’avais aucun souvenir de ce à quoi ressemblaient mes cheveux au naturel avant de tout couper. Je devais avoir 9 ans lors de mon premier défrisage. Je voyais mes cheveux pour la première fois.

Et par la suite, j’ai appris à apprécier chaque moment passé à apprendre à peigner mes cheveux, apprendre à vivre avec. Chaque soin apporté. Ce n’était pas évident du tout. Je ne savais pas quoi faire, ni comment faire, mes cheveux ne ressemblaient à rien. Mais maintenant tout est naturel. J’utilise très peu de peigne, parce que j’aime le contact direct, j’aime sentir chaque boucle, chaque noeud, avec mes doigts.

Je me suis rendue compte qu’en fait, nous avions oublié comment prendre soin de nos cheveux. On ne sait plus comment faire quand ils ne sont pas lisses. Donc on réapprend. Tous ces blogs, toutes ces huiles bizarres, ces produits, ils font partie du “test”. Et je suis persuadée que dans plusieurs générations, celles qui auront choisis de garder leur cheveux crépus pourront le faire beaucoup plus simplement et naturellement, si elles sont habituées dès le début.

Me mettre de la crème sur le corps le matin n’est pas une corvée. Toute comme mettre un lait pour les cheveux n’est pas une corvée. C’est une question d’habitudes, de réflexes. Au final, c’est un plaisir. Mes cheveux m’ont appris des choses sur moi même, aussi étrange que cela puisse être. Et ils disent des choses sur moi. Mais seulement parce que je le veux. Une femme a  le droit de décider que sa coiffure ne la représente pas.

Je réfléchis aussi beaucoup au mot “nhappy” au fil des années. Je le dis tout de suite : je n’aime pas ce mot, du tout. Alors oui, au début il ne m’a jamais dérangé. Justement.

Ce genre de terme est toujours bien “au début”. Parce qu’avoir ses cheveux crépus c’est nouveau, ou en tout cas dans les “mouvements” précédents ce n’était qu’une manière d’illustrer un combat ( avec les mouvements de droits civiques aux USA par exemple) mais jamais un combat en soi. Mais arrive un moment ou c’est normal pour toi. Et tu ne vois pas forcément pourquoi on devrait te donner un nom, parce que tu choisis de ” porter” tes cheveux.

Je le compare parfois, toute proportion gardée, à la Négritude. Se revendiquer en tant que Noir a du sens quand vous vous sentez rejetés par la société. C’est un stade. Mais il doit arriver un point où il n’y a plus besoin de revendication : c’est l’idéal. Mais il y a aussi un point où en tant que personne, vous en avez assez et vous ne voulez plus “revendiquer”. C’est difficile à expliquer clairement. Vous voulez être, c’est tout. J’en suis à un point où je ne supporte plus d’être qualifiée de “nhappy”. Je suis moi et puis c’est tout.

Mais je voudrais tout de même préciser que bien que je sois la première à défendre les cheveux naturels, leur beauté, leur versatilité, je ne comprends pas celles qui veulent l’imposer. Certaines femmes ont leur cheveux crépus sous un tissage. D’autres préférent leurs cheveux lisses seulement parce que justement, nous ne sommes pas habituées à prendre soin de cheveux crépus et parfois, c’est simplement plus pratique de les avoir lisse. Parfois la vie est déjà assez compliquée comme ça, parfois certaines femmes n’ont pas le temps. À la limite l’argument médical peut être valable. De plus en plus de chercheurs pensent que le défrisage est responsable de certaines maladies prépondérentes chez la femme noir. L’avenir nous en dira plus.

En attendant, la femme noire reste libre de choisir de faire ce qu’elle veut de ses cheveux. Et personne n’a le droit de lui dire le contraire. Mes cheveux continueront d’être une partie de moi. Ce n’est pas une mode. Ce n’est pas une phase. Ce n’est pas parce que je suis “nhappy”. C’est parce que je suis moi. Pourquoi vouloir nous classer en catégories ?

Et si je suis autant passionnée par le cheveux, si j’aime autant conseiller sur les soins et autres, c’est qu’il est beau de voir une femme noire accepter ses cheveux et les aimer, trouver la méthode qui lui convient. J’aime aider dans ce procéssus, c’est long, c’est fatiguant, mais qu’est ce que c’est beau quand on trouve l’équilibre.

Il y a encore énormément à dire. Il y a à dire sur l’histoire du Cheveux Noir pendant la colonisation. Sur son histoire pendant l’esclavage. Sur les différences entre femmes noires-américaines et noire-africaines qui pour moi se voient aussi à travers leurs cheveux et la manière de les percevoir. Mais ce sera pour une autre fois. En attendant, je vous laisse avec Solange.

Don’t touch my hair

Don’t touch my soul

Don’t touch my crown


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