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  • Photo du rédacteurSama Queendom

Comment ça ‘Where are you from ?’ ?

La question capable de mettre n’importe quelle personne “immigrée” et ayant vécue dans plusieurs pays mal à l’aise.

Plusieurs choses me passent par la tête. Je me demande ce que la personne veut réellement savoir. Où est ce que je vivais avant de venir ici ? Mon pays d’origine ?

Pour moi encore, c’est assez simple. Sénégal – France – Angleterre. Mais j’ai eu à rencontrer des gens qui pouvaient citer une dizaine de pays ( Big Up les eurafs), pas forcément parce qu’ils “viennent” de ces pays ( on connait tous un métisse avec des origines disons…multiples) mais aussi simplement parce qu’ils y ont vécu assez longtemps pour que cela les influence. Assez longtemps pour que lorsqu’on leur pose la question “Tu viens d’où ?” ce pays soit ajouté la liste des réponses possibles. Alors les réponses varient parfois selon l’interlocuteur. On ne donne pas forcément la même réponse à tout le monde, sinon ça en devient fatiguant.

Hier j’étais chez Lush, aka ma boutique cosmétique par Excellence. Je voulais expliquer au vendeur que je cherchais un produit que j’achetais d’habitude chez Lush France. Alors pour la première fois de ma vie, j’ai dit à quelqu’un que je venais de France ( Beurk; pardon maman, pardon papa, pardon le Sénégal). Parce que c’était plus simple, moins compliqué que de lui expliquer que je suis sénégalaise mais que je vivais en France ces deux dernières années et que maintenant je vivais en Angleterre pour un an avant de retourner en France jusqu’à la fin de mon master pour finalement retourner au Sénégal inshaa’Allah ( Ouf, c’était pas évident à écrire d’un coup comme phrase). Evidemment personne ne m’oblige à lui raconter ma vie.

Mais je me sens étrange lorsque je ne raconte qu’une partie de l’histoire. Je suppose que j’ai peur que la personne en face de moi me mette dans une certaine catégorie; qui n’est pas la bonne. Pour moi, face à une personne que l’on connait depuis cinq minutes et qu’on ne reverra pas, dans tous les cas, on sera classé, alors autant que ce soit dans une case qui nous corresponde plus ou moins. Il y a tellement de choses différentes que l’autre peut comprendre selon les mots que l’on utilise et la manière de les placer. Être de nationalité sénégalaise mais avoir toujours vécu en France. Venir du Sénégal mais être française. Être française mais d’origine sénégalaise. Si on y ajoute le facteur “Angleterre”, on étend encore les possibilités. Être étudiante en Angleterre sur une longue durée. Venir s’installer en Angleterre. Ou être juste de passage. Il faut choisir la bonne formulation pour dire à la personne en face qui on est d’une certaine manière.

Je n’ai pas envie de dire quelque chose qui ne correspond pas à mon passé, mon vécu, qui ne correspond pas à ce qui m’a construit. Parfois je dis juste “je suis sénégalaise”. Mais est ce vrai ? Cette réponse était évidente quand je vivais au Sénégal. Maintenant je sens le besoin de rajouter “mais je vivais en France”. Non pas dans l’idée que certains se font, comme quoi on devient une sorte d’être supérieur une fois que l’on a vécu en France. Non loin de là. J’ai envie de le dire parce que c’est une expérience qui m’a beaucoup changé, et je ne suis plus la même. La Adja Marième Sy qui disait “Oui je suis sénégalaise” aux douaniers français en 2014 n’est pas du tout la même que celle d’aujourd’hui.

D’ailleurs ici à Kent j’ai rencontré quelques frères d’Afrique francophone. Cameroun, Côte d’Ivoire. Les inévitables quoi. Et quand je leur dit que je suis sénégalaise, ils me disent ” mais tu vivais en France non ?”. Je réponds que oui. Ils me font remarquer que cela se sent dans ma voix, mon “accent”. Je souris. Pourtant à l’intérieur je crie “MAIS je tiens à préciser que j’ai vécu la majorité de ma vie au Sénégal, la France je n’y ai fait que deux ans, et je parlais déjà comme ça avant; donc ne sous entendez pas que je suis une Bounty ou je ne sais quoi”. Mais une partie de mon esprit me calme “Faut pas les faire fuir toi aussi Marième, tu les connais depuis deux secondes, fait leur un sourire et passe ton chemin waye”. Alors j’ai passé mon chemin. ( However, les gars ont quand même trouvé le moyen, en me connaissant depuis 5mn, de critiquer mon habillement de façon ironique “Ma soeur c’est quel style ça encore ?” ayéééé mes frères africains, vous ne vous arrêtez donc jamais ?Tchip.)

BREF ahaha. Complexe tout ça. Beaucoup de choses que je me dis à l’intérieur mais que je ne peux pas expliquer à la personne en face quand je n’ai pas le temps de développer. Beaucoup de choses qui remontent à la surface, tout simplement parce que je cherchais un dentifrice chez Lush. En réalité tout ceci remonte à chaque question. Et il est intéressant de voir les différences de réactions entre français et anglais. Un français ne sera heureux que si je lui dis que je suis sénégalaise. Lors de ma rentrée à Sciences Po, en première année, il y a eu beaucoup de “Tu viens d’où ?”. Pourtant j’aurai très bien pu être française. Mais si je ne précise pas que je suis sénégalaise, je sens que pour eux, il y a quelque chose qui manque. Si j’étais française et que je l’avais précisé, j’aurai sûrement eu droit au “Oui mais tu viens d’où ;VRAIMENT ?” ou alors “Oui mais tu es où d’ORIGINE ?”. Yako/Massa à tous ceux et celles qui subissent ces phrases tout au long de leur vie.

En Angleterre je peux dire que franchement, tout le monde s’en fou que je sois française ou pas. Quand je précise que je suis sénégalaise et pas française; alors que je parle français, pour eux c’est une surprise. Quand je précise que le français n’est pas ma langue maternelle, c’est une surprise. En cours il y a aussi eu les moments intéressants où j’expliquais aux professeurs que je viens d’un système éducatif sénégalais, mais qui au fond est un système éducatif français, colonisation oblige, et que doooonc je maîtrisais plus la “dissertation” à la française qu’un Essay.

Beaucoup de longues phrases pour expliquer des choses qui pour certains sont évidentes. Mais je n’envie pas ces personnes. Au Sénégal j’étais l’une d’elle. Je n’avais pas à me poser de questions. Tout le monde était comme moi et tout le monde était passé par le même système. En regardant en arrière, c’est un peu triste je trouve. C’est beau de voyager, d’avoir à rencontrer des personnes si différentes. On apprend beaucoup sur nous. On apprend à se poser à soi même la question “Je suis d’où ?”. On questionne notre identité, ce qui la définie, et quels mots choisir quand quelqu’un nous questionne dessus.

Et il faut ajouter à cela les réactions quand les personnes autour de moi apprennent que je suis musulmane. Rien qu’avec l’expression sur leur visage on sait déjà à peu près ce qu’ils en pensent. Pour ce sujet là aussi je sens qu’ici ils s’en foutent un peu. En tout cas ils n’en font pas un si gros problème que la France. Dieu merci, c’est une des raisons pour lesquelles je suis venue en Angleterre. Pour voir quel effet ma réponse à la question “Where are you from ?” aura sur les gens, quelles différences.

Alors je savoure cette question à chaque fois, et je continuerai de donner des réponses variées, selon l’interlocuteur, la situation, le temps que j’ai ou que je n’ai pas pour expliquer. Je vais continuer à “jouer” avec mon identité, continuer à observer les réactions des gens selon la version que je donne. Parce qu’il faut l’avouer, c’est quand même très amusant.

Enfin, je souhaiterai utiliser cette article pour remercier tous ceux qui ont pris un peu de temps pour me lire. Cela fait un mois aujourd’hui que j’ai commencé ce blog, et je suis heureuse et surprise à chaque fois que je vois un visiteur de plus. Alors merci à toi de t’intéresser à ce que je pense et vie. J’attends tes retours, tes impressions, tes critiques. C’est mon Queendom mais les visiteurs sont bien acceuillis.

***       Mood du jour      ***

Je suis simplement de bonne humeur, et depuis tout à l’heure j’esquisse quelques pas de danses sur ma chaise en bibli. Ma joie est d’autant plus grande que j’ai trouvé le moyen d’écrire en Azerty, avec des accents, sur ce foutu clavier anglais.

Mais à part les claviers, j’adore l’Angleterre et je profite de chaque moment ici.

Alors voilà la chanson que j’ai passé en replay tout le long de mon processus d’écriture, qui reflète mon énergie du jour :


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